JEM : une finale tournante des plus mondiales !



Même si tous entretiennent un lien fort avec l’Europe, un Européen, le Belge [Philippe Le Jeune], un Nord-Américain, le Canadien [Eric Lamaze], un Sud-Américain, le Brésilien [Rodrigo Pessoa], et, surprise, un représentant du Moyen-Orient, le Saoudien [Abdullah al Sharbatly] prendront le départ de la finale tournante qui désignera le successeur à [Jos Lansink] au titre de champion du monde.

 
Ils étaient trente à s’élancer, tantôt en y croyant vraiment (et en ayant raison d’y croire), tantôt pour prendre de l’expérience à ce niveau de compétition rarement praticable hors championnat. C’est ainsi que mercredi, à l’issue de la finale par équipes qui a couronné l’Allemagne et couvert la France d’argent, [Penelope Leprevost] confiait déjà courir cette épreuve en deux manches, qualificative pour la finale tournante, dans le seul objectif d’avoir vu avec [Mylord Carthago]*HN un tel niveau d’épreuve, sans aucune illusion sur ses chances de succès.
Croisé deux heures avant le début de l’épreuve, le sélectionneur français Laurent Elias affichait un optimisme de rigueur au vu de ses fonctions ; pour autant, les espoirs tricolores ne pouvaient se porter que sur [Kevin Staut] et [Silvana] de Hus, alors dixièmes au provisoire. Avec deux parcours sans-faute et la « chance » de voir les concurrents faire tomber une ou deux barres, l’affaire aurait pu être possible pour le numéro 1 mondial. Il n’en fut rien…

 
Kevin sort avec quatre points de la première manche que le chef de piste avait prévue particulièrement technique (seulement cinq sans-faute sur trente partants), alors que quatre des ses concurrents directs signent le clear-round. Ajoutez à cela l’extrême motivation de l’Américain [McLain Ward], seul cavalier US qualifié pour l’épreuve, qui lui aussi réalise un parcours parfait, vous n’obtenez qu’une toute petite, trop petite, avancée de Kevin dans le classement avant la seconde manche : huitième.

 
En deuxième manche, face à la grosseur du parcours et au niveau de l’épreuve, plusieurs cavaliers du fond du classement préféreront rester sur le bord de piste et épargner leurs montures : c’est notamment le cas du Britannique [Robert Smith], de la Suédoise [Malin Baryard-Johnsson], de l’Allemande championne du monde par équipe [Janne-Friederike Meyer]… et du Français [Patrice Delaveau], huit points en première manche.
Cette deuxième manche sera finalement bien moins technique que la première et les sans-faute bien plus nombreux : seize pour vingt-quatre partants. [Olivier Guillon] et [Lord de Theize] seront de ceux-ci ; pas Kevin et Silvana qui renversent l’oxer numéro 2, pourtant peu fautif…
Antépénultième à s’élancer, donc troisième au classement provisoire, le Suédois [Rolf-Goran Bengtsson] s’effondre aux portes de la finale et assure la participation à [Rodrigo Pessoa], que les quatre points de la première manche ont à peine fait reculer dans le classement provisoire avant la seconde manche (de la première à la quatrième place) et au Saoudien [Abdullah al Sharbatly] qui n’aura pas fait tomber une seule barre de l’ensemble du championnat.
Les deux derniers concurrents à s’élancer n’ont qu’à signer un parcours parfait (qu’ils savent parfaitement réalisable au vu du nombre de bons parcours réalisés en deuxième manche) : c’est ce qu’[Hickstead] et [Vigo d Arsouilles] feront, concluant ainsi la constitution du plateau tournant de samedi.

 
En finale donc, se retrouvent côté cavaliers un jeune Saoudien de vingt-huit ans, en selle sur [Seldana di Campalto] depuis à peine six semaines, donc sans doute talentueux pour arriver si vite à ce résultat-là (la jument est vice-championne d'Europe avec l'Italien Natale Chiaudani et aurait été achetée 2,5 million d'euros annonçait la presse italienne), un champion olympique brésilien qui n’avait pas couru de championnat du monde depuis 1998 mais qui est rompu au changement de montures, un autre champion olympique, Eric Lamaze, à qui rien ne résiste et un médaillé de bronze par équipe cette année aux JEM et déjà en 2002, avec [Nabab de Rêve], le père de [Vigo d Arsouilles]. Bref, des pilotes que le changement de montures ne devrait pas effrayer. Chacun d’ailleurs de souligner la hâte de courir cette finale tournante qui pour la première fois depuis la création des Jeux équestres mondiaux ne verra pas concourir plus d’un représentant d’une nation européenne.

 
A Lexington (Etats-Unis), Daniel Koroloff