“Depuis presque un an, Triton ne cesse d’évoluer et me régale à chaque parcours”, Karim Laghouag

Engagé dans le CCI 4*-L de Saumur, Karim Laghouag a signé l’un des cinq parcours sans faute lors du cross, cet après-midi à l’hippodrome de Verrie. Troisième au provisoire avec Triton Fontaine, qui progresse régulièrement depuis un an, le Percheron entend bien conserver, voire améliorer, son rang demain lors du test de saut d’obstacles. Avec son généreux partenaire, le Français espère entrer dans les plans de Thierry Touzaint et du staff tricolore, en vue d’une potentielle sélection pour les Jeux olympiques de Tokyo ou les championnats d’Europe d’Avenches.



Après le cross du CCI 4*-L de Saumur, vous remontez à la troisième place du classement provisoire au profit d’un parcours “maxi”. Comment avez-vous vécu ce test?

L’objectif était évidemment d’être “maxi” ici. Le terrain était léger et le parcours assez galopant malgré tout. Je partais en fin d’épreuve donc j’avais des informations. Triton Fontaine était très disponible et disposé à faire tout ce que je lui demandais. Il a très bien galopé, sauté. Même après avoir déferré, il est resté bien droit sur tous les obstacles. À la reconnaissance, je trouvais le parcours assez lisible. En discutant avec d’autres cavaliers qui n’avaient pas forcément leurs meilleurs chevaux, je me suis rendu compte que le tracé pouvait poser des questions. Après, on le sait tous, même lorsque tout s’annonce bien sur le papier, on peut toujours trébucher ou glisser…

La dernière fois que vous avez pris le départ d’un cross ici, à Saumur, il y a deux mois, vous étiez aussi parti à la fin mais vous avez oublié un obstacle...

C’est vrai. Ce jour-là, je pensais être concentré, mais je ne l’étais certainement pas suffisamment. J’ai beaucoup travaillé avec Guy Bessat, mon coach physique et mental. Et cette fois, je pense avoir effectué plus de reconnaissances de parcours que Thibaut Vallette ne l’aurait fait, ce qui est quand même un comble! (rires). Je connaissais le moindre tournant du parcours sur le bout des doigts. Même si je ne suis pas très stressé de nature, cela m’a donné un peu de marge. Après cette mésaventure saumuroise, j’ai raté le podium aux championnats de France, à Pompadour, à cause d’une notation dure en dressage, pour laquelle le juge s’est excusé depuis. Tout cela nous a donné un coup de pied aux fesses et nous a fait réaliser que nous pouvions accrocher une performance. J’ai travaillé trois fois plus que d’habitude en dressage, sans pour autant blaser mon cheval. Avec le système Equivisio, j’ai pu me faire aider par différentes personnes: Serge Cornut (entraîneur de dressage de l’équipe de France, ndlr) évidemment, Jean-Luc Force, Jean-Philippe Siat, mais aussi Jean-Michel Roudier, un juge de dressage pur. J’ai une belle équipe autour de moi, avec Jean-Luc (Force, ndlr), Guy (Bessat, ndlr), mais aussi ma femme, qui me soutient toujours, ainsi que les copropriétaires de Triton, sans qui rien ne serait possible.



“Tout le monde pensera évidemment aux Jeux olympiques et aux championnats d’Europe”

Comment appréhendez-vous l’ultime test, celui de saut d’obstacles, qui se disputera demain?

Avant cela, il y aura déjà la visite vétérinaire. J’ai la chance d’avoir sur place mon maréchal, David Germain, qui officie également pour l’équipe de France. Il connaît les pieds de Triton par cœur. Vis-à-vis de cela, il y a une appréhension classique par rapport à la visite vétérinaire. Triton aura peut-être un peu mal au pied demain du fait d’avoir déferré. Mais nos premières constatations sont plutôt bonnes: il ne s’est pas abîmé le pied et le fer ne s’est pas tordu en s’arrachant. Concernant l’hippique, Triton reste un bon sauteur, et je ne suis pas trop maladroit dans cet exercice. Après, une barre peut vite arriver…

Quels seront les enjeux demain? Une victoire ou une place sur le podium pourrait vous mettre dans la course aux JO de Tokyo…

Tout le monde pensera évidemment aux Jeux olympiques et aux championnats d’Europe, même si le dernier mot reviendra à Thierry Touzaint (sélectionneur national, ndlr), et s’il y aura encore une dernière sélective en juin à Vittel. Depuis l’an passé, je prépare la montée en puissance de Triton. Gagner le premier rendez-vous de la saison et décélérer ensuite n’est pas ce que je recherche. Le cheval prend de la trempe et progresse à chaque entraînement. Après avoir découvert qu’il avait la maladie de Lyme, même si les signaux sont très faibles, nous avons trouvé un traitement auquel il a très bien réagi. Cela fait presque un an qu’il ne cesse d’évoluer. Il me régale à chaque parcours. C’est un vrai gentil et je prends vraiment du plaisir avec ce cheval. D’ailleurs, je tiens à saluer son naisseur, Michel Pélissier, un éleveur reconnu de tous en saut d’obstacles, qui est décédé il y a quelques mois.