Doublé émirien et médaille d’argent pour les Bleuets aux Mondiaux d’endurance à Castelsagrat

Deux nations du Golfe persique ont dominé les championnats du monde Jeunes d’endurance, qui se sont déroulés samedi à Castelsagrat dans le Tarn-et-Garonne: les Émirats arabes unis et Bahreïn. La première a vu ses deux meilleurs couples décrocher l’or et l’argent individuels, tandis que la seconde a obtenu non seulement le bronze individuel, mais surtout l’or équipes. Relativement prudents mais tout de même réduits à trois, les Français ont glané l’argent par équipes, devançant l’Italie.



Il fait encore nuit et le crachin tombe sur Castelsagrat, village hôte des championnats du monde Jeunes d’endurance, dans le département occitan du Tarn-et-Garonne, en ce samedi 2 septembre. Soixante-dix cavaliers et chevaux venus du monde entier, représentant vingt-six nations, s’échauffent devant la ligne de départ. Le décompte commence. Une minute, trente secondes, dix secondes, “neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un…”. Il est 7h, c’est le top départ. Les cavaliers des Émirats arabes unis (ÉAU) et de Bahreïn se portent en tête, suivis de deux Espagnols, une Argentine et les Français. Derrière eux, on trouve des Portugais, des Italiens, des Indiens, des Tunisiens, des Finlandais, parmi d’autres. C’est le début d’une longue épopée de 120km, divisés en quatre boucles. “Le départ et la première boucle ont été compliqués. L’épreuve a globalement été difficile”, témoigne le jeune Français Victor Fabre Carlus, en selle sur Bamos de Kerdraon. “La météo a rendu les terrains très glissants dans une boucle où ça allait très, très vite”, évoque Ema Chazel, en duo avec Cookie Hipolyte. En effet, la tête de peloton conclut les 28km de cette boucle bleue à une vitesse moyenne de 19,9 km/h pour arriver au premier contrôle vétérinaire à 8h24. Les Français ne sont pas loin (19,2km/h), à trois minutes seulement. Sept couples en restent là, dont celui formé par l’Émirien Saïf Beljafla et Ilyes, vainqueur en mai de l’épreuve-test sur ces mêmes pistes.

La deuxième boucle, aussi dénivelée que la précédente (environ 430 m), calme le rythme de l’épreuve. Dès le premier point d’assistance, les équipes ressentent que la vitesse moyenne a “baissé d’un cran” pour s’établir à 18 km/h. Jean-Michel Grimal, le sélectionneur des équipes de France, profite de ces moments de proximité avec son groupe pour encourager et encadrer ses cavaliers: “C’est bien: on continue de respecter les côtes; au pas, s’il le faut.”Vers 10h15, Ema Chazel et Victor Fabre Carlus décident de décrocher de quelques secondes pour conforter leurs montures à une cadence moins intensive que celle imposée par leurs concurrents. “Nos cavaliers ont pris une bonne décision lorsque le rythme était trop fort. Vu le terrain difficile que nous avons eu, il faut faire attention. Emma et Victor sont donc descendus pour faire 100 mètres de pas afin que les chevaux comprennent qu’ils se décrochaient du groupe”, Jean-Michel Grimal. L’inspection vétérinaire de la deuxième boucle impose à Pablo Tomas Arnaud une réinspection pour avoir présenté Shaailan’al Hfifa avec un rythme cardiaque supérieur à 64 battements par minute.

Ces trois minutes perdues sont regagnées à la première assistance de la troisième boucle. Plus loin, Bamos de Kerdraon déferre et Victor Fabre Carlus, courant à côté de son cheval, rejoint son assistance. Jeremy Jecker, le maréchal-ferrant de l’équipe de France, remet le fer manquant en moins de quatre-vingt-dix secondes. Cette troisième boucle n’est pas tendre. Les couples affrontent un dénivelé de 493m sur près de 34km. L’arrivée et le podium se profilant à l’horizon, il faut se placer, gagner du terrain ou conforter sa position. Voulant jouer une médaille individuelle avec Guemra du Lauragais, Léa Vandekerckhove part en chasse pour rattraper à son rythme le peloton de tête, qui la devance alors de quatre-vingt-dix secondes. Au terme de ce troisième acte, l’élimination de Garance Jullien pour allures irrégulières de Hasslan de Fignols s’ajoute à celle de Léa Vandekerckhove pour métabolisme au réexamen… “Nous pensions vraiment que Guemra était la meilleure jument sur le papier et qu’elle avait une carte à jouer. Très vite, nous avons compris que c’était un jour sans pour elle… Cela arrive avec les chevaux, qui savent nous rappeler à l’ordre”, commente Jean-Michel Grimal.



“Un travail d’équipe à cinq puis à trois en utilisant les forces de chacun”, Ema Chazel

Ema Chazel, Garance Jullien, Lea Vandekerckhove, Pablo Tomas Arnaud et Victor Fabre Carlus ont accompli une belle performance collective.

Ema Chazel, Garance Jullien, Lea Vandekerckhove, Pablo Tomas Arnaud et Victor Fabre Carlus ont accompli une belle performance collective.

© Mélanie Gisselmann

Les Français ne sont plus que trois en piste, mais le podium par équipes leur reste accessible. Un écart de dix minutes s’est creusé entre les Bleus et le groupe de paires représentant Bahreïn et les ÉAU. Le plus rapide, l’Émirien Rachid Ahmed Seghayer al-Kebi, dévore les kilomètres à une vitesse moyenne de 25,9 km/h sur Eddy de Montrozier. Maïtha al-Qubaïsi, son compatriote et adversaire au sprint, sera éliminé pour allures irrégulières à leur arrivée au vet-gate en 1h06’. Avec l’élimination conjointe de Victoire de Blignys, partenaire de Khalifa Rachid Mughir Salem Al-Amymi, les ÉAU ont dit adieu au podium par équipes. La deuxième place revient toutefois à leur compatriote Rachid Mohamed Atiq Khamis al-Mehaïri et Castlebar Cadabra, six minutes plus rapides que les Bahreïniens Isa Hamid Dakhil al-Anezi et Abdullah Hassan Alshaër al-Rowaïe, trois et quatrième sur Ermine Dartagnan et Be Goode. Le coude-à-coude se poursuit entre le Brésilien Rodrigo Storani Saliba, le Bahreïnien Sultan Abdulaziz Mayouf al-Romaihi et l’Espagnole Andrea Trujillo Ruiz, qui s’accrochent à leurs cinq, six et septième places avec Loukario Desverrières, Deese La Majorie et Elset du Barraly.

Juste derrière, les Bleus grimpent au galop la mythique côte du Lavoir avec l’Argentine Constanza Pacheco Diaz. Le sprint final entre ces camarades et adversaires tourne à l’avantage à Pablo Tomas Arnaud, qui se classe huitième, devant Victor Fabre Carlus, dixième, et Ema Chazel, onzième avec la fierté d’avoir remporté le prix de la meilleure récupération pour 1’57’’ de moyenne et avec des rythmes cardiaques compris entre 53 et 58 battements par minute.“Elle m’a fait rêver toute la journée”, confie la cavalière. Ce tir groupé a permis à l’équipe de France Jeune de se hisser sur la deuxième marche du podium, derrière Bahreïn et devant l’Italie, qui a été la seule nation à ramener ses cinq binômes à bon port. Il faut dire que trente-trois des soixante-dix partants ont été éliminés. “Nous avons réussi un travail d’équipe à cinq puis à trois en utilisant les forces de chacun”, salue Ema Chazel. Quant à Jean-Michel Grimal, il aime à dire “qu’il n’y a pas de pronom personnel singulier dans une équipe”. Il n’a pas tort, et cet état d’esprit est à l’origine de tous les succès français en endurance. À peine remis de ses émotions, le sélectionneur national rejoindra vite Ermelo, aux Pays-Bas, où l’attend l’équipe de France Seniors, qui visera un nouveau titre aux championnats d’Europe Seniors.

Le classement individuel

Le classement par équipes

Les Émirats arabes unis et Bahreïn se sont taillé la part du lion en individuel dans ces Mondiaux Jeunes, à Castelsagrat.

Les Émirats arabes unis et Bahreïn se sont taillé la part du lion en individuel dans ces Mondiaux Jeunes, à Castelsagrat.

© Mélanie Gisselmann