Les Jeux olympiques sont une opportunité unique; célébrons-les!

La tenue de grands événements internationaux en France est toujours précédée de polémiques et d’indignations plus ou moins fondées, mais la préparation des Jeux olympiques, que Paris accueille cet été pour la troisième fois après 1900 et 1924, bat tous les records. Sans minimiser les problèmes, plus ou moins graves, l’accueil dans l’Hexagone du plus grand événement planétaire est aussi porteur de retombées indiscutables et d’espoirs.



“La fête de l’argent”, “Les transports seront l’abomination de la désolation”, “Les salaires des employés du Comité d’organisation des JO me font vomir. Je vais boycotter!”, “C’est dommage qu’on laisse Israël participer alors que les équipes russe et biélorusse ont été bannies”, “Vu les prix des billets, ces Jeux seront pour les mêmes, comme toujours”, “Merci de nous régaler par le ridicule permanent de tout ce qui est mis en place pour ces JO”, “Ces jeux sont une honte et ceux qui y participent sont des abrutis…”, “Jeux olympiques du paraître et de la corruption”, “Quelle image va-t-on renvoyer?”, etc. Un florilège de commentaires négatifs, plus ou moins élaborés, plus ou moins justifiés, et plus ou moins insultants – à croire que les internautes ne savent plus communiquer sans perdre leur sang-froid –, déferle sur les réseaux sociaux. À moins de cent jours des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, dont le coup d’envoi sera donné le 26 juillet, tout porte à croire qu’un sentiment hostile a gagné de nombreux Français.

Certes, bien des décisions liées de près ou de loin à l’organisation de ces Jeux olympiques ont de quoi choquer l’opinion publique. Citons, par exemple, le sort réservé à des centaines de sans-abri, chassés d’hôtels pratiquant l’hébergement d’urgence pour faire place à la clientèle olympique, le quasi-doublement du prix des tickets de transport franciliens entre le 20 juillet et le 8 septembre ou encore le fort impact environnemental du futur skate-park éphémère, installé place de la Concorde et qui a nécessité près de deux mille tonnes de béton… Aussi regrettables soient-elles, ces problématiques, malheureusement habituelles lors des très grands rassemblements sportifs et culturels, sauraient-elles anéantir toute forme de joie et de fierté à l’idée de voir la France organiser le plus grand événement au monde, que Paris a déjà accueilli en 1900 et 1924?

Après les attributions controversées à la République populaire – et totalitaire – de Chine des Jeux olympiques d’été (2008) puis d’hiver (2022), au Qatar de la Coupe du monde de football 2022, dont l’empreinte carbone a été colossale et où des milliers de travailleurs seraient morts sur les chantiers de construction des stades, recevoir les Jeux au pays des droits de l’Homme n’est-il pas justement pas de nature à s’enorgueillir ? Dans notre univers, celui des sports équestres, l’allocation des dernières finales des Coupes du monde de saut d’obstacles et de dressage à l’Arabie saoudite, monarchie absolue qui piétine régulièrement le droit international, opprime les femmes, minorités et opposants politiques, et soutient certains groupes terroristes islamistes, a suscité les mêmes indignations. Nos confrères allemands de St-Georg et consœurs scandinaves de WorldOfShowjumping ont même décidé de les boycotter, sinon d’en limiter le traitement éditorial.



Prenons-nous aux Jeux!

Ne faut-il pas se réjouir que les Jeux de la XXXIIIe olympiade se jouent dans un pays comme la France? S’il n’est plus en tête du classement de l’état des libertés dans le monde, et que la défenseure des droits a plusieurs fois alerté sur les récentes attaques aux libertés publiques et aux droits individuels, notre pays permet à chacun de s’exprimer, de croire ou de ne pas croire, etc. Le 4 mars, la France est même devenue le premier pays au monde à inscrire l’interruption volontaire de grossesse dans sa Constitution ! Soyons fiers de célébrer la beauté de l’équitation, ses plus beaux récits et sa spécificité, et d’embrasser les valeurs de l’olympisme, à savoir l’excellence, le respect, l’amitié… et le pacifisme. Des vertus essentielles dans une période trouble et anxiogène, marquée par les affrontements ou les guerres qui sévissent en Ukraine, en Palestine, au Yémen, en République démocratique du Congo et en bien d’autres théâtres.

Ne minimisons pas non plus l’héritage de ces Jeux. Les incontestables retombées économiques et culturelles, qui profiteront certes d’abord à Paris et à l’Île-de-France, conforteront l’Hexagone en tant que première destination touristique. En outre, cette grande fête du sport a fait et fera des petits. Les collectivités locales, dont on a beaucoup parlé pour leur achat de tickets olympiques en masse, ont investi dans le sport comme rarement, sinon jamais. Impossible de dénombrer les communes ayant organisé ateliers, sorties au stade ou encore stages de découverte des sports olympiques – notamment ceux que l’on qualifie de “mineurs”, équitation comprise. L’État n’a pas non plus lésiné sur les moyens mis à disposition des fédérations les plus pourvoyeuses de médailles, dont la FFE, en témoigne le plan de bataille conséquent des équipes de France. Sans rien présager du résultat, parce que le facteur cheval est déterminant, force est de constater que l’encadrement fédéral, soutenu par la nouvelle Agen- ce nationale du sport, est en ordre de marche et regorge de ressources, pour les cavaliers comme leurs montures, et ce dans toutes les disciplines.

Quant à celles et ceux que rien ne saurait contenter, ou qui ne voient dans le sport qu’une vulgaire activité sans intérêt, prenons le pari que plus d’un finira par se prendre aux Jeux, dans un mouvement populaire com- parable à celui observé lors de la Coupe du monde de football en 1998 et de l’Euro 2016.