Les secrets de la France, terroir de prédilection des champions d’endurance: la French Touch serait-elle donc l’ingrédient mystère? (4/4)

En endurance, l’année 2023 a donné lieu à des championnats d’Europe Seniors, mais aussi à des Mondiaux Seniors, Jeunes (Juniors et Jeunes Cavaliers) et Jeunes Chevaux. Bien que courus dans des conditions très différentes, entre le sable et les pierres du désert émirien de Bouthieb, aux Émirats arabes unis, les pistes plates et galopantes de Padise, en Estonie, et Ermelo, aux Pays-Bas, ou encore le terrain escarpé et technique de Castelsagrat, dans le Tarn-et-Garonne, les chevaux français ont brillé partout. La Société hippique française a cherché à comprendre pourquoi ces Pur-sang Arabes, Anglo-Arabes ou encore Shagyas nés et presque toujours formés dans l’Hexagone, sont aussi performants et omniprésents au sommet des classements, et pas uniquement sous selles françaises. Des experts ont été sondés et quatre critères ressortent pour expliquer ces performances: génétique, mode d’élevage et alimentation, formation et valorisation et… “ce petit quelque chose en plus que les autres n’ont pas”. Un long dossier doit voici le quatrième et dernier épisode.



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L’élevage français de chevaux d’endurance profite-t-il d’un réservoir génétique inépuisable? On serait tenté de dire que oui tant la production est grande et de qualité. Mais les experts interrogés semblent plus modérés. Ainsi, Céline Robertsouligne un point par rapport à l’élevage et à Persik: En France, nous avons sept cents étalons Arabes enregistrés pour 2.500 juments. Nous faisons naître 2.250 poulains par an. Pourquoi autant d’étalons? Parce que le cheval Arabe est gentil, donc on le garde entier, ce qui fait que chacun va saillir deux ou trois juments. Cela se comprend aussi parce qu’il s’agit d’un élevage de long terme, qui n’est pas d’une rentabilité folle. Chacun essaie de faire au mieux, mais cela va à l’encontre de la sélection. Inversement, c’est là qu’on retrouve Persik, qui avait probablement des capacités, de très bonnes aptitudes en endurance et a donc été beaucoup utilisé.”

Persik est et restera la référence absolue en endurance. Cependant, comme le dit Jean-Philippe Francès, les fils et filles de Persik ont tous plus de vingt ans. Il faut recréer une jumenterie, ‘responsable’ à 75% de la qualité des poulains. De fait, même si Persik reste indétrônable, il faut faire attention aux nouvelles générations de descendants car on s’éloigne de plus en plus de la souche mère: nous avons une génétique restreinte en France alors que c’est là où l’on produit le plus. Persik reste néanmoins la référence absolue actuelle: je suis copropriétaire de Baltik des Ors avec Christian Manoha (Haras la Majorie, ndlr) et il est le meilleur père par Persik: rien que cette année, il a un fils, Darco la Majorie, qui est champion du monde, une fille, Raya de Jalima, championne d’Europe. Zulus est un autre très bon étalon, et pour moi, la combinaison Persik x Zulus est ultra-performante!” On la retrouve notamment chez Darco la Majorie et Bolt de Venelles, pour ne citer que deux produits.

Ce sentiment est totalement partagé par Stéphane Chazel: Zulus a été loué par les Haras Nationaux (de 1985 à 1988, ndlr). Il a été un reproducteur extraordinaire! Aujourd’hui, les meilleurs étalons sont issus de Zulus. Je pense même qu’il a un meilleur taux de réussite que Persik parce qu’il n’a fait que deux saisons de monte en France et qu’il a laissé pléthore de bons étalons et de bonnes juments. Ce croisement Persik x Zulus est fantastique!” Jean-Michel Grimal a le même ressenti concernant Zulus: Il a très, très peu sailli et du coup, si l’on avait fait pareil avec Zulus, peut-être aurait-on eu de meilleurs résultats encore. Par rapport au nombre de saillies, il est supérieur à Persik. Il est sûr que le croisement Persik x Zulus fonctionne bien. D’ailleurs, Zulus x Persik, ça marche aussi.” Stéphane Chazel tient également à rappeler qu’il ne faut pas oublier les souches franco-maghrébines”. Selon lui, “les meilleures souches que nous ayons en France proviennent de Tunisie. À Monpazier, trois des cinq premiers chevaux sont issus de cette souche basse.” Céline Robert rappelle elle aussi que les derniers produits de Persik sont nés en 2000. En compétition, on voit désormais surtout des petit-fils, arrière-petits-fils et petites-filles de Persik. Cependant, l’effet Persik est toujours là.”



Comment se caractérise la French Touch?

Au risque de décevoir, il n’y pas de formule magique, pas de grand secret, même si Jean-Michel Grimal prononce quand même le mot: Le plus important est que le cheval mange suffisamment tout au long de sa vie et qu’il n’ait pas de carence. C’est surtout ça le secret, je pense. Les chevaux d’endurance sont des chevaux de sport comme les autres: ils ne deviennent pas bons en crevant de faim et en apprenant à souffrir. Ça, c’était il y a trente ans, et c’était une belle connerie.” C’est finalement un ensemble d’ingrédients et de particularités qui font que les chevaux français d’endurance sont aujourd’hui si réputés pour leur qualité et performent à haut niveau. C’est aussi le résultat de près de cinquante ans de recherches, de travail et d’expérience. Comme le dit si justement Christèle Derosch, c’est empirique; on observe ses erreurs, on les corrige et on s’améliore.”

Il y a toutefois un élément que tous reconnaissent: le savoir-faire français. Si j’ai choisi de venir en France pour apprendre, c’est parce qu’il y a ici une culture de l’élevage, de l’entraînement et du commerce”, explique, enthousiaste, Guilherme Santos. “Je voyais les éleveurs, les professionnels et tous les organismes qui gravitaient autour des compétitions. Cela permettait de récolter des résultats, des données et de faire des statistiques sur les lignées pour voir ce qui fonctionnait ou pas. En France, il y a une histoire avec tout ce qui s’est passé. Des articles et des livres sont écrits, donc on a plus de possibilités d’apprendre et de comprendre. Je pense qu’on ne voit cela dans aucun autre pays. La France est un terroir de passionnés très intéressés par les origines et qui suivent les épreuves au bord de la piste, ce que je n’ai jamais vu ailleurs. Cela fait partie de la culture française: les éleveurs sont de vrais professionnels, avec du ressenti, qui veulent améliorer la production et cherchent des solutions.”

Nous avons une vraie culture équestre en France, ce qui nous différencie des autres pays”, ajoute Jean-Philippe Francès. Quant à Stéphane Chazel, il relève deux critères différenciant notre pays des autres: “Tout d’abord, dès le départ, dès les années 1975, quand les premières épreuves d’endurance ont été lancées, un programme d’élevage a été associé. Nous le devons à deux grandes institutions. D’une part, les Haras Nationaux ont été partie prenante, en achetant des étalons – et où des gens proposaient leurs étalons. D’autre part, bien évidemment, il y a le berceau qu’est le Parc des Cévennes et le syndicat des éleveurs du Gévaudan, créé en 1975. Dans d’autres pays, on débutait l’endurance en utilisant les rebuts des autres disciplines, sans se projeter en termes de génétique. C’est pour moi la raison pour laquelle nous avons vingt ans d’avance par rapport aux pays qui s’y sont mis après les années 2000, et le boom des prix des pays du Golfe. Et le deuxième critère est notre sensibilité vis-vis des chevaux, qui nous permet de les amener plus loin. Dans la préparation, nous les protégeons davantage: c’est l’esprit français! De plus, en France, il y a un gros potentiel de sélection, ce que d’autres pays ne font pas ou alors moins bien. Aux championnats du monde des Jeunes, à Castelsagrat, la moitié des chevaux avaient plus de cinq générations de deux chevaux d’endurance: c’est ce qu’on appelle le progrès génétique.”

Pour Jean-Michel Grimal, ce qui a fait la différence sur le long terme, c’est surtout l’héritage des Haras Nationaux et le fait que tout le monde puisse avoir, à un prix public, une saillie d’un très bon étalon sélectionné par les Haras à cette époque. Les étalons tournaient, et il y avait des stations de monte un peu partout. Tout le monde était à une heure au plus d’une station des HN où passait un Pur-sang Arabe de qualité une fois par an, voire qui restait deux ans. Je pense que cela a été le top après l’achat de Persik par le Parc national des Cévennes, qui a fait beaucoup de bien aussi à l’élevage français.”

Incontestablement, une des grandes décisions ayant permis à la France de prendre de l’avance est la création d’une filière d’élevage dès le début, avec une sélection de chevaux orientés vers cette discipline: C’est une vraie force que d’avoir une filière d’élevage orientée endurance et indépendante dans la plupart des cas, de la filière des courses de plat. Produire du pur cheval d’endurance est un réel atout. De plus, cela s’appuie sur une stratégie à long terme, de carrière, d’image et de performance. C’est peut-être cela qui fait que les chevaux français sont si bons et recherchés. On sait les attendre et ils ont cette réputation de chevaux résistants”, précise Céline RobertJean-Philippe Francès a bien conscience de la chance d’avoir bénéficié de ce courant au bon moment, au bon endroit: l’endurance est née avec Persik. Le fait que la discipline se soit bien implantée en Europe permet de produire et de conserver la génétique maternelle et paternelle.” Bruno van Cauter résume la situation par cette métaphore: Les étoiles étaient bien alignées!”



Un coup d’accélérateur venu du Golfe

La professionnalisation de l’endurance a fait de la France la première vitrine pour les pays du Golfe en quête de très bons chevaux, bien souvent “clé en main”. Les pétrodollars ont alors permis à nombre d’éleveurs de garder leurs juments et de développer leur activité. Il y a vingt-cinq ans, quand cheikh Mohammed (Mohammed ben Rachid al-Maktoum, émir de Dubaï, vice-président et Premier ministre des Émirats arabes unis, ndlr) est arrivé en France pour acheter tous les bons chevaux qui brillaient en championnats – parce que c’était l’équipe de France qui brillait en championnats à l’époque – il a injecté des sommes d’argent colossales. Du coup, des acteurs de notre filière se sont professionnalisés, ce qui n’existait pas auparavant. Et quand on se professionnalise, on fait les choses comme il faut. Il y a des très bons chevaux dans d’autres pays aussi, mais nous restons très, très en avance grâce à une véritable sélection”, explique Jean-Michel Grimal, qui ajoute que cette arrivée des puissances du Golfe a également impacté la vie des éleveurs et la qualité de leur production: “Le prix des chevaux ayant été multiplié par dix, avec un coût de revient identique, les éleveurs ont mieux fait les choses: vermifugation régulière, cures de vitamines au bon moment, etc. Il leur a été possible de le faire parce qu’ils avaient de l’argent. Certains voient l’arrivée des Émirats et autres comme celle du loup dans la bergerie, mais moi je pense que c’est très bien. Cela a permis à des gens de vivre, à des éleveurs de se structurer, d’acheter de la génétique et d’investir dans de bonnes saillies. Cela leur coûtait plus cher, mais ils savaient qu’ils allaient rentabiliser leur investissement. Je pense que ç’a été un gros détonateur. Grâce aux Haras Nationaux, nous avions déjà une base solide. Entre les HN et la Société hippique française, nous avions les outils, donc il nous a été facile de nous adapter. Sans l’implication des Émirats, je pense que nous en serions encore dans les années 90 ou 95, et que l’endurance serait restée un sport de pleine nature. Nous irions peut-être moins vite car ils nous ont montré qu’on pouvait aller plus vite, mais sans eux, la discipline n’aurait pas évolué aussi rapidement.”
Néanmoins, il nuance quelque peu ses propos: “Compte tenu de l’influence des pays du Golfe, où priment la vitesse et les capacités cardiaques, nous avons produit des chevaux avec des classes de galop énormes et des cœurs exceptionnels, mais nous avons un peu laissé de côté la rusticité. Il faut répondre à la demande et il est toujours mieux d’avoir des chevaux qui galopent vite que des chevaux qui vont à 12 à l’heure. Je n’ai pas la solution: les fabricants, en faisant attention, produisent des chevaux qui durent, mais nous avons trop axé notre élevage sur ces critères en oubliant la solidité.” Comme l’a très justement dit Jean-Philippe Francès, la professionnalisation n’est pas juste une question de compétences. Il a aussi fallu que les chevaux soient élevés au bon endroit.” Pour lui, ceux qui ont cru en Zulus ont pris un avantage. Des chevaux bien formés et bien structurés, progressivement, sont des chevaux prêts à performer”, conclut-il.



Une nation de formateurs experts

S’il s’est exprimé à l’élevage, le savoir-faire français rayonne encore plus en matière de formation, d’entraînement et de valorisation des chevaux d’endurance. Cela confirme, si besoin en était, que réussir requiert un travail juste et adapté. Il n’y a pas de modèle type pour être un champion et il n’y a pas de science exacte, ce qui est encore plus vrai en endurance”, affirme Jean-Philippe Francès.
Amusé, il admet volontiers qu’un cheval n’a pas besoin d’être un Apollon pour réussir: Si vous voyiez Tarzibus au parc, on dirait un Haflinger! Il n’est pas du tout athlétique et il n’a pas un bon galop – c’est laborieux – mais il est le plus rapide en Europe. Quant à Secret de Mon Cœur, en dehors du travail, il ressemble à un Camargue pour la balade!”

C’est donc le travail qui fait la différence. Pour Guilherme Santos, la qualité de l’homme est essentielle car il y a des gens qui ont plus de capacités et de ressenti que d’autres. Il faut comprendre ce qui se passe avec des animaux qui sont différents les uns des autres. Cela peut tout changer! Les mêmes conditions, la même ambiance d’élevage avec deux ou trois personnes différentes donneront un autre cheval. Même s’il peut y avoir des exceptions, il faut quand même une bonne souche pour sortir un crack. C’est une base permettant d’améliorer son système. Et dès que le système s’améliore, on voit quand une souche n’est pas si bonne. Un bon système peut toujours améliorer un cheval, mais les gens qui n’ont pas la connaissance vont passer à côté de bons chevaux.” Céline Robert relève une autre spécificité française, “sans équivalent à ma connaissance, même si certaines choses s’en rapprochent: nos indices de performance (IRE) et génétique (BLUP), qui sont maintenant utilisés en endurance. Ils ne sont pas parfaits, mais ils aident les éleveurs qui savent les utiliser. C’est loin d’être le Graal, mais ils existent.”

Marion Wasilewski3 se trouve au cœur de ce système, achetant des chevaux pour Bahreïn: Depuis quelques années, mes clients ont acheté beaucoup de chevaux uniquement sur la foi de leurs origines, sans se préoccuper de leur taille: des poulains de deux ans, trois ans et même d’un an. Après les avoir acquis, nous les avons laissés en France, à l’élevage, afin qu’ils soient ensuite formés chez des entraîneurs français jusqu’à leur première épreuve de 120km. C’est ce que nous avons fait ces dernières années et nous nous rendons compte, vu les performances, que c’est vraiment l’idéal. Par exemple, nous avons acheté Darco la Majorie jeune et l’avons laissé chez Sandrine Foiry le temps qu’il se qualifie jusqu’à 120km. Sandrine l’a formé tout doucement. Jadis, à Bahreïn, on était toujours pressé de voir ses chevaux gagner, on ne pouvait pas attendre. Cette année, j’ai reçu des ordres différents: aller doucement et préserver. Les décideurs ont remarqué que lorsqu’ils récupèrent des chevaux ayant évolué progressivement, ils arrivent à les faire performer, à leur donner de la vitesse. Ils ont essayé de miser sur des lignées de coursiers de plat et d’élever eux-mêmes, mais cela n’a pas fonctionné et ce n’était pas rentable économiquement.”

Bahreïn se diversifie en achetant des chevaux déjà prêts comme Be Goode, Ermine Dartagnan, Bolt de Venelles, Calandria PH ou Lola de Jalima. “À la fin de chaque saison, les chevaux qui sont qualifiés sur 120km passent sous la selle de cavaliers bahreïnis. Cheikh Nasser est impliqué dans la gestion des chevaux et très attaché à l’élevage français via la souche classique de Persik, qui fonctionne très bien. Il a également intégré le fait que la France, outre la capacité à faire naître de bons chevaux, disposait d’entraîneurs sachant comment s’y prendre pour amener les chevaux à la performance. C’est pourquoi il s’appuie sur l’expertise de quatre entraîneurs établis en France: Sandrine Foiry, Élisabeth Hardy, Pierre Auffret et Jean-Philippe Francès.” Autre nouveauté, le distinguo qui est maintenant opéré entre la saison hivernale dans le Golfe et la saison estivale européenne: Les écuries du Golfe sont conscientes qu’on ne peut pas courir les deux saisons avec les mêmes chevaux. De fait, Bolt de Venelles est resté en France cet hiver”, explique Marion Wasilewski

Quant à Bruno Van Cauter, il voit la France comme un grand réservoir où les grands éleveurs vont devoir venir chercher ce qui leur permettra de produire de très bons chevaux d’endurance.” Jean-Michel Grimal tient à mettre en avant une autre caractéristique française qui mériterait un plus grand succès: La Fédération française d’équitation a proposé le circuit Top 7, qui a du mal à décoller. Il y a quand même 10.000 euros à se partager chaque année. Il se court sur une CEI 1* et les derniers gagnants ont bien réussi après, comme Lola de Jalima, championne du monde des 8 ans.” Que faudrait-il pour que ce challenge trouve son public? “C’est typiquement français: tant qu’on n’a pas vu que cela fonctionnait bien, on attend. Ou alors il faudrait une dotation de 100.000 euros, puisque 10.000, ce n’est visiblement pas attrayant. Pourtant, c’est quand même une chance que d’avoir un circuit SHF (comme il l’a été) et le Top 7, qui n’existent pas ailleurs. Si quelqu’un a la formule magique ou des désidératas, nous sommes prêts à l’écouter.”

Les chevaux français attirent-ils, notamment les acheteurs du Golfe, parce qu’ils sont faciles à monter? Leurs choix se portent sur la génétique, et les chevaux hystériques n’ont plus leur place”, estime Jean-Michel Grimal. “Bien sûr, quand le travail est bien fait, le cheval se sent mieux dans sa tête, mais je pense que le choix se fait plus sur les origines et les performances. Ils achètent plutôt des chevaux clé en main, et moins de très jeunes. Ils recherchent des chevaux qui ont déjà couru 120km et/ou qui sont prêts à courir en CEI1*. Ensuite, il reste aussi un petit commerce de chevaux de très, très haut niveau.”

Stéphane Chazel lance une alerte quant à l’avenir de la discipline, et par conséquent de l’élevage: Si l’on ne revient pas à ce que défendait Pierre Cazes, c’est-à-dire l’endurance fondamentale, avec des épreuves techniques de 160km, où nos chevaux sont très bons, et si l’on s’oriente vers des courses plus rapides, voire sur des formats plus courts (100km), nous perdrons l’avantage génétique acquis depuis toutes ses années. Pour aller plus vite, il faudra mettre du Tidjani ou de l’Anglo.” La conclusion reviendra au Brésil par la voix de Guilherme Santos: Je suis très, très admirateur de ce qui se fait en France! Il y a de bons chevaux, montés par de bons cavaliers dans de bonnes épreuves. Il y a un très bon niveau de sélection et les résultats sont là. La France peut encore dominer ce secteur pendant un moment…”

On l’aura compris : l’endurance française, dans sa globalité, a encore de belles années devant elle, mais la filière doit rester vigilante et anticiper les évolutions de ce sport afin de ne pas griller toutes les belles cartouches qui permettent de viser juste. La suprématie de l’élevage français est manifeste, mais la conserver requiert de travailler avec constance, humilité et esprit de corps.



DES CHIFFRES QUI PARLENT D’EUX-MÊMES!

En 2023, les chevaux nés en France ont largement dominé les grands championnats. Voici quelques chiffres permettant de mesurer cette suprématie:

Championnats du monde de Bouthieb (Émirats arabes unis) 
Par équipes : or = France (cinq chevaux français sur cinq); argent = Portugal (3/5); Bronze = Italie (1/5).
En individuel : 11/15.

Championnat du monde Jeunes Chevaux de Padise (Estonie)
En individuel : 19/42 au départ; 1 médaillé de bronze; 4 parmi les dix premiers.

Championnats du monde Jeunes de Castelsagrat (France)
Par équipes : or = Bahreïn (5/5); argent = France (5/5); bronze = Italie (2/5).
En individuel : 9/16.

Championnats d’Europe d’Ermelo (Pays Bas)
Par équipes : or = France (5/5); argent = Espagne (3/5); bronze = Allemagne (2/3).
En individuel : 3 sur le podium, 13 parmi les 15 premiers.