“J’ai toujours du mal à digérer le fait que ma campagne olympique n’ait pas abouti”, Thomas Carlile

Présent au Printemps des sports équestres de Fontainebleau pour courir la toute première édition du CCI 3*-S, répétition générale pour l’équipe organisatrice des Jeux olympiques de Paris 2024, Thomas Carlile a terminé deuxième avec Darmagnac de Béliard. Après l’élimination du couple au CCI 4*-S de Pompadour, où ses rêves de JO se sont effondrés, le Sarthois fait le point.



Grâce à un cross et un hippique impeccables, Thomas Carlile et Darmagnac de Béliard ont pris la deuxième place au CCI 3*-S de Fontainebleau.

Grâce à un cross et un hippique impeccables, Thomas Carlile et Darmagnac de Béliard ont pris la deuxième place au CCI 3*-S de Fontainebleau.

© PSV/Morel

Qu’avez-vous pensé du comportement de Darmagnac de Béliard, deuxième du CCI 3*-S de Fontainebleau, moins d’un mois après son élimination au CCI 4*-S de Pompadour, qui vous a contraint à renoncer à une sélection olympique

Mes émotions se mélangent un peu car j’ai toujours du mal à digérer le fait que ma campagne olympique n’ait pas abouti. L’essentiel est néanmoins que mon cheval aille bien, je suis rassuré de le retrouver comme l’an dernier. Je suis enchanté par son comportement mais la pilule a du mal à passer. J’avais prévu sa rentrée à Kronenberg dans un niveau similaire. Cela n’a pas été possible, ce sont des aléas qui peuvent se produire avec les chevaux (le bai n’avait pas été accepté à la visite vétérinaire, ndlr). Depuis la blessure de Darmagnac l’an dernier, j’étais dos au mur pour obtenir ma sélection [pour les JO de Paris]. Ma stratégie était en place mais je n’avais pas beaucoup d’options. À la fin, ce sont toujours les chevaux qui ont le dernier mot. Mon entourage et moi avions des ambitions, nous y croyions. Aller à Pompadour était ma seule option restante mais ça ne s’est pas passé comme prévu. Je n’ai pas vraiment d’explication à ce qu’il s’y est déroulé (le couple a été éliminé lors du cross après trois refus du hongre sur la combinaison n°16, ndlr). Il déroulait un très bon parcours, sans aucun mauvais saut ou signe d’inquiétude. Il ne m’a jamais habitué à perdre confiance comme cela a été le cas sur ce profil d’obstacle. Certes, il avait dérobé il y a deux ans aux championnats du monde (entraînant la chute du Sarthois, ndlr), mais le contexte était différent. J’ai du mal à l’expliquer. Il avait déferré d’un antérieur, ce qui lui était déjà arrivé sur le même terrain l’année précédente. À la suite de cela, il avait été en convalescence. Si je dois trouver une explication, c’est à mon avis qu’il a redémarré sur une épreuve de haut niveau, ce qui n’est pas idéal. Le fait qu’il ait perdu un fer a rajouté un grain de sable dans l’engrenage. Cela a été très difficile à digérer, mais c’est ainsi. L’important est de l’avoir remis en confiance. À l’entraînement, je n’ai pas vu l’ombre d’un doute, ce qui a été rageant et rassurant. Le faire concourir sur un niveau d’épreuve inférieur a été une question de bon sens. Ce cheval ne supporte pas beaucoup la contrainte et la pression, cela a l’effet inverse sur lui. Parfois, on me reproche de le monter trop en légèreté, mais une présence trop importante peut l’agacer. Je ne cherche pas à me trouver d’excuses. Je pense désormais répéter une ou des courses assez faciles afin de pouvoir lui faire accepter un peu plus de présence sur de tels parcours, dont il a besoin à haut niveau. Je ne veux pas lui mettre une pression trop importante, mais simplement lui faire comprendre que je suis là pour l’aider. Il a très bien sauté ce matin lors de l’hippique, nous verrons pour la suite. Cette saison, j’ai un peu de mal à me projeter et à trouver des plans. 

Bien que vous ayez tiré un trait sur l’objectif de Paris 2024, n’avez-vous pas d’autres beaux challenges en tête ? 

Par le passé, j’ai parfois commis des erreurs en essayant de me raccrocher à un autre objectif stimulant, certainement par orgueil. Ce n’est pas forcément idéal pour le cheval. J’aimerais réengager Darmagnac dans une petite épreuve. Ensuite, je verrai ce qui se présente dans le calendrier. Ce cheval a une santé fragile, donc courir l’été sur des sols trop fermes peut s’avérer délicat. Étant donné que je ne compte que sur lui pour le haut niveau, je suis assez frileux pour prendre une décision. Je suis plutôt habitué à connaître des débuts de saison en fanfare et une arrivée difficile. Cette année, j’ai loupé mon amorce et ne serai pas au rendez-vous à l’arrivée… Je verrai bien, il va falloir trouver de la motivation. 

Avez-vous des jeunes chevaux prometteurs pour la suite ? 

Cela fait partie de mes motivations, oui. Je commence tout de même à me fatiguer un peu à me projeter sur les jeunes. Si je fais ce métier, c’est en majeure partie car le haut niveau m’attire. En ce moment, j’ai un peu de mal à être équipé. Je me force à préserver Golden (de Béliard, double championne du monde des jeunes chevaux, ndlr), qui est dans une année de transition à huit ans. Nous n’avons évidemment pas l’objectif olympique avec elle, et ne la lancerons pas vers les championnats d’Europe l’an prochain. Elle a simplement besoin de répéter ses gammes, s’aguerrir. À ce stade, il n’y a pas vraiment d’enjeu et je préfère avoir une vision à long terme. Elle devait venir ici, mais est finalement en plein transferts d’embryons. Cela tombait mal, mais c’est ainsi, c’est l’occasion ou jamais, car une fois qu’elle concourra à haut niveau, le sport primera. Je suis assez content des jeunes chevaux sur lesquels je peux compter, parmi lesquels trois de six ans qui me font rêver, un cinq ans très chouette et quelques bons quatre ans. 

Que pensez-vous de ce premier CCI 3*-S dans le cadre du Printemps des sports équestres ?  

J’ai adoré ce concours. Dès la première édition (qui n’accueillait alors que des épreuves de saut d’obstacles, ndlr), je n’avais entendu que des éloges. J’ai eu l’impression d’être à Aix-la-Chapelle ! Il y a de l’ambiance et de l’histoire sur ce site du Grand Parquet, ce qui crée une âme et donne l’envie. Le niveau est très relevé. Le concours complet a besoin de tels événements pluridisciplinaires. Le potentiel est énorme. J’aime l’idée d’un rendez-vous qui réunit les élites et je crois que l’organisation a d’ores et déjà de nombreuses idées pour la suite. Il était vraiment très agréable de pouvoir faire partie de cet événement. 



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