Dans l’équitation aussi, les femmes ont dû se battre pour leurs droits

Comme dans toutes les strates de la société, les femmes ont dû se battre pour obtenir des droits et être considérées comme l’égal de l’homme dans le monde de l’équitation. Un secteur dans lequel leur présence a longtemps été jugée inappropriée, nuisant à leur “innocence”. Jadis, la monte en amazone leur a par exemple été imposée, afin de conserver leurs jambes jointes et de protéger leur “dignité” et leur “statut social”. En cette journée internationale des droits des femmes, GRANDPRIX vous propose de retracer en dix dates clés l’histoire du combat féministe dans l’univers équestre.



XVIème siècle : la pratique de l’équitation interdite aux femmes

Sous la dynastie des Séfévides, dans l’Empire Perse, il est formellement interdit aux femmes de pratiquer l’équitation, où que ce soit à l’extérieur. De la même manière, il leur est déconseillé de s’asseoir sur un cheval ou d’en tenir les rênes.

1830 : apogée de la monte en amazone

Avec les guerres fréquentes, les femmes se sont retrouvées obligées de reprendre les tâches habituellement confiées aux hommes, notamment celles impliquant de monter à cheval. Pendant la Monarchie de juillet, l’équitation est ainsi l’une des deux seules activités physiques, avec la danse, préconisée pour les femmes des élites européennes. 

1900 : la première cavalière aux Jeux olympiques 

Pour les Jeux olympiques de Paris, en 1900, l’Italienne Elvira Guerra a pu participer aux épreuves d’équitation – il s’agissait d’ailleurs des premiers JO au cours desquels l’équitation était reconnue comme une discipline sportive à part entière. Le saut d’obstacles, le saut en hauteur, le saut en longueur constituaient les trois épreuves reconnues par le Comité international olympique (CIO).

1909 : le port du pantalon et la monte à califourchon

Depuis une loi de novembre 1800, les femmes n’avaient pas le droit de porter le pantalon. Elle interdisait le “travestissement des femmes”, sauf pour le cyclisme… et l'équitation! En effet, cette interdiction a été partiellement levée par deux circulaires, en 1892 et en 1909, autorisant le port du pantalon seulement “si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval”. À l’époque, un texte précisait que “toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation”. Après avoir obtenu ce droit vestimentaire pour la pratique équestre, la monte à califourchon a ensuite été autorisée aux femmes, notamment grâce au combat de Calamity Jane, l’une des premières cavalières à avoir monté à califourchon malgré les interdictions.

1952 : l’épreuve olympique de dressage mixte 

La fédération équestre internationale a décidé en 1951 d’ouvrir la porte aux femmes pour les épreuves olympiques de dressage à partir des Jeux d’Helsinki, en 1952. Les mouvements sociaux ont influencé la décision de la fédération équestre internationale (FEI): “Il était devenu ordinaire de voir des femmes à cheval car elles effectuaient les tâches quotidiennes habituellement réservées à leurs maris, désormais mobilisés sur les champs de bataille de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, l’idée de voir des femmes concourir dans les sports équestres a commencé à émerger. À la même période, l’émancipation de la femme était en plein progrès au sein des sociétés et le rôle de la femme avait totalement changé : elles avaient gagné en indépendance et avaient plus de droits, ce qui a poussé la FEI à ouvrir les compétitions aux femmes”, explique Marie de Pellegars, collaboratrice occasionnelle de GRANDPRIX et autrice du livre “Anthologie des sports équestres”. Pour les Jeux de 1952, quatre cavalières ont ainsi pris part à l’épreuve de dressage, et la Danoise Lis Hartel a marqué l’histoire en obtenant la médaille d’argent de l’épreuve individuelle!

1956 : l’épreuve olympique de saut d’obstacles mixte

Lors des Jeux olympiques de Melbourne, en 1956, les femmes ont été autorisées à participer aux épreuves de saut d’obstacles du programme olympique.  

1964 : l’épreuve olympique de concours complet devient mixte

La dernière épreuve olympique d’équitation, le concours complet, est à son tour ouvert aux femmes en 1964. 

1964 : les femmes jockeys

L’Américaine Kathryn Kusner s’était vu refuser sa licence pour les courses hippiques en 1961 à cause de son genre, avant que la décision ne soit reconsidérée suite Civil Rights Act, conclu en 1964. Elle a servi de jurisprudence pour toutes celles qui ont suivi.

1986 : première femme présidente de la FEI 

La princesse Anne, unique fille d’Elizabeth II, est la première femme à devenir présidente de la FEI en 1986. Elle est restée présidente jusqu’en 1994, cédant sa place à Pilar de Borbón, la duchesse de Badajoz. Précisons que cet événement est surtout considéré comme marquant car les femmes n'ont pas toujours été autorisées à prendre part à la vie publique et politique. Le fait d'être une femme n'impliquant pas nécessairement de porter les combats pour l'égalité entre les genres.

2019 : fin des championnats genrés

Les épreuves des championnats de France, aussi appelées Master Pro, à Fontainebleau, sont officiellement toutes mixtes! En effet, les labels de compétition réservés aux femmes sont supprimés du programme à partir de l’édition 2019.